Sommaire
a. C’est quoi ?
b. Comment ça se passe ?
En parcourant les réseaux sociaux, il m’est arrivé plusieurs fois de constater que certaines personnes confondaient «communication animale» et «comportementalisme animalier».
Dans la rue également, lorsque les gens voient les autocollants sur ma voiture où il est signifié «Comportementaliste spécialiste du chat», si certaines personnes s’étonnent que le comportementalisme n’existe pas « que pour les chiens » (cela existe évidemment pour toutes sortes d’animaux), d’autres pensent que je communique avec les félins comme l’on communiquerait à l’oreille des chevaux…
Malheureusement, certaines personnes se définissent comme «comportementalistes interprètes animaliers», alors qu’elles ne font «que» de la communication animale, prétendant alors pouvoir régler les problèmes comportementaux des animaux en «captant des informations données par l’animal, donc ses pensées, ses ressentis»* (*Comportementalistes pour tous). Cela ne fait évidemment que compliquer les choses et jeter un voile de confusion pour qui voudrait aider son animal mais qui n’a aucune notion de ces différents domaines et de leurs différences.
Bien-sûr, il existe aussi des communicants qui se sont formés au comportementalisme et vice-versa, mais qui dès lors, le plus souvent, en expliquent clairement les différences et les limites.
Voyons alors ce qui différencie ces deux approches :
1. La communication animale
a. C’est quoi ?
Il existe pléthores de livres et de sites internet, ainsi que d’offres de formation et d’initiation à la « communication animale et à l’intuition » sur quelques jours, mais je m’appuierai ici sur la définition de la pionnière de la communication animale dans le monde, Leïla del Monte, ce qui me semble être le plus honnête : «Forme de télépathie qui nous permet de communiquer avec les autres êtres vivants qu’ils soient de notre espèce et/ou d’une autre espèce. « Les animaux sont des êtres conscients […] Tous les êtres conscients peuvent communiquer entre eux […] Nous savons que tous les animaux communiquent, mais en fait, ils communiquent […] de façon non verbale […] C’est un langage sans paroles, qui se fait d’esprit à esprit. Ce dialogue se transmet sous forme d’émotions, d’images, de sensations physiques, par le biais des 5 sens […] »
Ainsi, « l’interprète animalier a appris à développer ses facultés à se connecter aux fréquences vibratoires des animaux et à recevoir des informations sensorielles de leur part, qu’il s’agisse d’images, de pensées, d’émotions, de sensations physiques, de bruits, d’odeurs ou de goûts.
Il permet ainsi à l’animal d’exprimer ce qu’il souhaite à son entourage, et au propriétaire de l’animal de comprendre la raison de ses comportements, voire de lui expliquer une situation (déménagement, arrivée d’un bébé, venue d’un congénère ou d’un autre animal, changement d’écurie, etc.)*».(*Mélanie Bron)
b. Comment ça se passe ?
Il suffit d’envoyer une photo de votre animal, son nom, son âge, le nom du lieu où il vit, les questions que vous souhaitez lui poser et les messages que vous voulez lui transmettre. Certains communicants se déplacent, notamment s’il s’agit de chevaux.
« Une fois la prise de contact lancée, c’est un véritable échange qui s’amorce. Je* lui transmets les messages de son gardien, je lui envoie des informations. Mais l’animal aussi me « parle », j’entends une voix, c’est comme si je décrochais le téléphone pour lui répondre » […] « Certains veulent nous signaler des douleurs, un environnement qui n’est pas adapté, un besoin précis. D’autres voudront juste dire qu’ils apprécient des moments en particulier, comme dormir sur telle couverture ou se promener à un endroit donné. » (*Christiane Saarbach).
2. Le comportementalisme animalier
a. C’est quoi ?
Un comportementaliste animalier est un spécialiste des relations entre l’humain et l’animal. Je me concentrerai ici sur les "comportementalistes pour chat", puisque c’est ce que je suis ! 😉
Ce métier s’appuie sur diverses connaissances scientifiques, notamment en éthologie générale (étude des comportements), mais également sur celle spécifique à la race, sur les séquences comportementales « normales », sur la physiologie de l’animal, sa génétique, les théories des apprentissages, la psychologie (étude des processus mentaux), les pathologies de base, etc. La recherche dans ces domaines étant en évolution constante, une mise à jour de ses propres connaissances est de fait nécessaire.
Le comportementaliste a donc suivi une formation spécialisée en comportement animal, sans toutefois être vétérinaire. En effet, de nombreux vétérinaires ne sont pas comportementalistes, et de nombreux comportementalistes ne sont pas vétérinaires ! Mais il ne se substitue jamais au vétérinaire qui doit être la première référence à appeler en cas de changement de comportement de l’animal. En effet, tout changement de comportement peut avoir une cause médicale qui fait souffrir l’animal, l’affaiblit et le stresse.
Dès lors, il intervient le plus souvent lors de situations difficiles ou gênantes, comme lors d’éliminations hors litière, d’agressions (par exemple le cas du chat «caressé-mordeur»), de mésentente entre chats, miaulements excessifs, destructions, etc.
Ainsi, une fois que toutes les causes médicales ont été écartées, le comportementaliste analyse l'environnement du chat, son histoire, ses ressources, les interactions et relations qu’il entretient avec les humains et éventuels autres animaux du foyer, pour découvrir la cause des comportements déviants de l’animal. C’est un spécialiste des relations entre l’humain et l’animal qui, dans le but de créer, restaurer et/ou maintenir une relation harmonieuse au sein du foyer, va prendre en compte les besoins fondamentaux de l’animal et l’organisation quotidienne du foyer. Il n'intervient pas directement sur l'animal, mais sur son milieu de vie et sur la relation qui existe entre lui et ses propriétaires, ces derniers étant son porte-parole.
Il intervient également en prévention pour conseiller et éviter le développement de comportements « gênants ».
Généralement, le comportementaliste se déplace au domicile du propriétaire et la séance dure environ 2 heures.
b. Comment ça se passe ?
Qu’ils soient naturels ou adaptatifs, les comportements dits « gênants » se révèlent dans certains contextes de vie inappropriés et/ou stressants pour le chat.
Lors de l’entretien, le consultant va tenter de comprendre l’origine des difficultés, expliquer les besoins du chat et proposer des solutions pour rétablir une bonne relation Humain-Chat. L’investissement de toute la famille est indispensable pour la mise en place des recommandations et la réussite du travail engagé.
Il s’agira donc en premier lieu de comprendre exactement ce qui a fait apparaître les difficultés, par la recherche des causes réelles qui ont provoqué et/ou encouragé l’apparition de ces comportements. Le comportementaliste va donc analyser la ou les situations problématiques, en passant par un questionnement détaillé sur l’animal, par l'observation du milieu dans lequel il vit et de la relation avec le/les humain(s) qui l’accompagne(nt). Ce faisant, le comportementaliste passe en revue toutes sortes d'éléments concernant le vécu antérieur de l’animal, son tempérament, ce qu'il vit dans son quotidien, et son environnement matériel et relationnel.
De très nombreux paramètres peuvent en expliquer l’apparition (liste non exhaustive) : le fait que nos animaux soient captifs, la promiscuité imposée, le fait qu’ils aient rarement le choix (que ce soit pour se nourrir, interagir, se reproduire, etc.), une hypostimulation générale ou au contraire une hyperstimulation, un environnement inadapté aux besoins de l’animal, une relation qui n’est pas optimale avec les humains et toute la frustration que cela peut engendrer. Les manières d’y remédier sont du coup également très variables, puisque chaque cas est unique !
Après avoir cerné les causes de ces difficultés, il sera en mesure de proposer des solutions sur mesure. Il est donc également amené à enseigner les codes spécifiques de l’animal, son langage corporel, ses besoins fondamentaux, etc. En réalité, c'est bien l’humain qui va avoir à réajuster son attitude ou sa posture envers l’animal, car un comportement "gênant" indique souvent une difficulté pour l’animal à s'adapter à son milieu de vie (celui que nous lui avons imposé). Et cela s'apprend sous réserve d'être bien guidé par le bon spécialiste.
3. Les limites
Qu’il s’agisse du comportementalisme animalier ou de la communication animale, aucune de ces deux disciplines ne remplace un diagnostic vétérinaire.
Selon Malou Gallié, communicante animalière, « la communication avec les animaux a ses limites fonctionnelles et éthiques. La communication ne remplace […] ni le travail d’un éducateur ou d'un comportementaliste. La communication animale a pour but de développer et d’approfondir la relation entre les êtres humains et les animaux dans une optique de mieux-être et non de soigner ou de guérir un animal. […] Lors de la communication, il est possible de lui suggérer un changement de comportement. Toutefois, seul l’animal peut décider de l’appliquer et le mettre en place. Il est ainsi impossible de garantir un changement de comportement qui respecte les souhaits du propriétaire. »
Côté comportementalisme, certaines attentes ne sont à mon avis tout simplement pas recevable : empêcher un chat de chasser des souris, supprimer les conflits générationnels entre un jeune chaton très dynamique et un vieux chat qui a envie de tranquillité, faire en sorte qu’un chat non castré ne marque pas et ne fugue pas lors des périodes de chaleur des femelles (réaction hormonale naturelle), etc., seraient des demandes plutôt utopiques. Il faut donc garder à l’esprit que les demandes doivent rester réalistes, car en effet, on n’impose rien à l’animal !
De même, les personnes concernées par les futurs changements doivent être motivées, car cela implique un certain investissement personnel, voire matériel. Elles doivent également bien-sûr être à l’écoute, observatrices, respectueuses, bienveillantes et patientes, sans quoi on risque de retomber dans de vieux travers.
Conclusions
Nous sommes prêts à tout lorsque notre petit protégé nous semble souffrir, ou que la situation nous paraît « désespérée », que nous avons l’impression d’être arrivé au bout de notre patience et d’avoir tenté toutes les solutions possibles et imaginables !
Mais n’oublions pas de rester vigilants face à des promesses de solutions parfois un peu trop alléchantes…
Et n’oubliez pas, si votre animal change de comportement de façon soudaine, votre premier référent doit être votre vétérinaire ! ;-)